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20 décembre 2022

[INTERVIEW] 6 raisons pour lesquelles l’industrie circulaire est incontournable

Grégory Richa, Directeur associé chez OPEO et Emmanuelle Ledoux, Directrice général de l'INEC (Institut national de l'économie circulaire) se prêtent à un exercice périlleux face à notre caméra : décrire six raisons majeures qui font de l'industrie circulaire un sujet absolument incontournable. Certes, une vidéo vaut parfois 10 000 mots, mais nous n'avons pu nous empêcher de vous en proposer une description plus détaillée dans l'article ci-dessous. 

Le circulaire c'est le futur

L'industrie française telle qu'elle existe aujourd'hui fait face à de nombreuses fragilités et évolutions qui ne lui permettent pas de garantir sa continuité.

Les supply chains du monde entier, tous les secteurs confondus, souffrent : disparition de certains fournisseurs après la crise sanitaire de 2020, congestion de flux logistiques, pénuries croissantes de matières premières et composants, etc. Même les supply chains les plus sophistiquées depuis notre révolution industrielle se fragilisent !

Image de wayhomestudio sur Freepik

De nombreuses nouvelles réglementations imposent aux chaînes de production et de traitement des produits en fin de vie d'évoluer : logo Triman, loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, interdiction d'éliminer les invendus non-alimentaires, création de nouvelles filières REP (Responsabilité Élargie du Producteur) en vertu du principe « pollueur-payeur ».

La fragilité des supply chains, l'évolution des réglementations et de la demande client obligent les entreprises à basculer vers des modèles circulaires capables de créer de la valeur pérenne, résiliente et locale. L'industrie circulaire est donc inévitable.

L'enjeu des ressources

Les modèles linéaires que nous connaissons aujourd'hui sont issus des révolutions industrielles, s'appuyant sur des ressources énergétiques illimitées :  la première autour du charbon est marquée par l'invention de la machine à vapeur (1770-1850), la deuxième axée autour du pétrole et de l'automobile (1850-1914) et la troisième (1970-2000) marquée par l'électricité issue du nucléaire. Ces modèles linéaires fonctionnaient à l'époque, dans une illusion de ressources infinies qui nous ont permis d'innover de manière exponentielle au cours des 50 dernières années.

Crédit - Museums Victoria

On assite à une prise de conscience progressive que les ressources planétaires sont limitées, et même que celles-ci s'épuisent dans certains cas. À partir de nos connaissances des stocks disponibles et de la vitesse de leur exploitation, les études montrent que le zinc, le cuivre, le cobalt, le nickel, l'argent, l'or et d'autres ressources non-renouvelables s'épuisent et que certaines seront en rupture en 2050, voir 2030 pour certaines.

« Le premier enjeu finalement de transformation vers l'industrie circulaire, c'est l'absence de choix »

Emmanuelle Ledoux, Directrice générale, INEC

Et pourtant les propositions liées à la transition écologique reposent majoritairement sur des dispositifs technologiques comme les énergies renouvelables, les voitures, vélos électriques ou encore l'hydrogène « vert ». Mais plus nous créons des dispositifs complexes, plus nous devenons dépendants des ressources pour les produire. L'industrie est passée d'une exploitation d'une quinzaine à une soixante de métaux en un siècle pour accompagner la complexité des technologies qu'elle crée, ce qui nous rend de plus en plus dépendants des ressources.

L'industrie circulaire est incontournable car les ressources planétaires nous imposent un cadre. Nous devons imaginer qui fonctionne selon de nouvelles contraintes, incompressibles.

Retrouver la culture du « faire »

D'après l'INSEE, le nombre de cadres a dépassé le nombre d'ouvriers en France depuis 2021. Et oui, la France se désindustrialise et se tertiarise : on ne produit plus !

Les produits les plus convoités sont par ailleurs high tech, complexes et sourcés globalement : casque bluetooth anti-bruit, smartphone, machine à café, aspirateur-robot, robot-tondeuse, lave-linge, imprimante, etc. La complexité de ces produits technologiques, soumis à une durée de vie programmée pour certains, ne sont réparables ni par leur propriétaire, ni par des industriels qui perdraient de l'argent dans le démontage, le nettoyage et la remise à neuf d'une pièce, bien trop compliquée à démonter.

« La circularité c'est repenser le design des produits pour que ceux-ci soient modulaires, réparables, reconfigurables. C'est ce qui permet en étant moins complexe techniquement de reterritorialiser les chaînes de valeurs en France et en Europe. »

Grégory Richa, Directeur associé, OPEO

Image de Prostooleh sur Freepik

L'éco-conception d'un produit consiste à le développer et le fabriquer en prenant en compte le choix des matériaux qui le composent, ainsi que ses modes de fabrication, d'emballage et de recyclage. Cette définition de l'éco-conception ne va pas assez loin : il ne s'agit plus de recycler correctement son produit, mais de lui donner une deuxième ou troisième vie, en y intégrant un indice de réparabilité.

L'éco-design permet à un produit propre en conception d'être vendu et de satisfaire les fonctionnalités attendues par l'utilisateur. Là encore il faut se poser la question de la sobriété et se demander si nous avons vraiment besoin que notre machine à café nous donne la météo. Peut-être que nous devons simplement attendre de cette machine qu'elle fasse couler notre café.

Ainsi, la France doit se remettre à « faire », à produire et à proposer de nouvelles façons de consommer, plus sobres, ce qui appuie une nouvelle fois sur le caractère indispensable de l'économie circulaire appliquée aux industries.

Atteindre nos objectifs décarbonation

En France, atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 implique une division par 6 des émissions de gaz à effet de serre sur son territoire par rapport à 1990. Concrètement, cela suppose de réduire les émissions de la France à 80 MtCO2e contre 458 MtCO2e en 2015 et 445MtCO2e en 2018.

Face à ces objectifs ambitieux, la France a besoin de ressources naturelles et d'énergie pour les atteindre. Cela s'accompagne évidemment d'une sobriété dans les usages et dans nos modes de consommation, et l'industrie circulaire est une réponse à cette nouvelle organisation, sobre.

Le constat est encore plus sévère : la décarbonation dont on parle tant dans les médias en ce moment n'aura pas lieu sans une démocratisation de l'industrie circulaire. À quoi bon et comment décarboner une économie qui jette à la poubelle 92 % de ce qu'elle fabrique et consomme ?

L'attractivité

Les entreprises à modèle linéaire et pétrosourcées ne pourront ni assurer la continuité de leurs partenariats, ni maintenir la confiance de leurs collaborateurs et de leurs clients. Et surtout, l'ambition et l'engouement des jeunes talents ne seront plus au rendez-vous.

« Sans circularité, pas d'attractivité »

Grégory Richa, Directeur associé, OPEO

En effet, la génération Z attend de la part des employeurs une certaine qualité de vie au travail, mais aussi une vision, du sens. Ils veulent faire partie d'un projet fort, bien au-delà de l'accès à un poste. Ces plus jeunes veulent évoluer au sein d'une entreprise transparente et éthique. Et ils sont loin d'être dupes ! La compensation carbone des entreprises laisse croire que l'activité des industries d'aujourd'hui peut continuer dans un monde neutre en carbone. Et bien non.

Les entreprises doivent se transformer, se réinventer pour proposer de nouveaux modèles économiques, des modes de gouvernance, des chaînes de production différentes, pour survivre d'abord, et embarquer par la même occasion des nouveaux clients, talents et collaborateurs.

Tenir nos promesses

La France a de grandes ambitions : transformer le rapport à la consommation de ses citoyens, transformer ses modèles de production, le tout en profondeur.

Les 130 articles qui constituent la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire se déclinent en cinq axes : sortir du plastique jetable ; mieux informer les consommateurs ; lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire ; agir contre l’obsolescence programmée ; mieux produire. Ces promesses qui impliquent les consommateurs doivent désormais se réaliser, et tout l'enjeu est de donner de la crédibilité et de la concrétisation à ces promesses.

Photo de Stijn Dijkstra

Comment ? En donnant une impulsion aux entreprises pour qu'elles transforment les chaînes de valeur, de façon tangible.

Depuis le 4 novembre 2022, l’indice de réparabilité est obligatoire pour les produits suivants : lave-linge à hublot, lave-linge à chargement par le dessus, smartphone, ordinateur portable, téléviseur, tondeuse à gazon électrique, lave-vaisselle, nettoyeur à haute pression, aspirateur filaire, sans fil et robot. L'enjeu maintenant est de supporter les entreprises dans leur mutation pour passer d'un lave linge réparable, à un lave linge réparé. Les flux logistiques, les compétences, les savoir-faire, la traçabilité des produits : tout doit être repensé, et c'est à ce stade là que l'on pourra considérer que la loi anti-gaspillage à de l'impact.

À nouveau, l'industrie circulaire est indispensable pour respecter les promesses faites aux citoyens.

À propos du livre « Pivoter vers une industrie circulaire »

Six mois d'attente pour une Citroën C3 neuve, pas d'iPhone sous le sapin cette année... La crise sanitaire, les conséquences du changement climatique et, plus récemment, la guerre en Ukraine ont sérieusement remis en cause une production industrielle mondialisée dont les process n'ont pas changé depuis des décennies. Afin de faire face aux pénuries de matières premières, à la disparition du vivant et aux émissions de CO2, l'industrie se doit désormais de pivoter vers un modèle circulaire.

Sourcer les matières premières au plus près possible du lieu de production, penser à la réparabilité des produits et la réutilisation des composants dès leurs phases de conception, faire émerger de nouveaux usages innovants sobres en consommation de ressources : cet ouvrage, issu d'une étude menée auprès de plus de trente industriels de toutes tailles et tous les secteurs, revient sur les lacunes de nos modèles actuels, détaille les piliers d’une industrie circulaire et fournit de nombreuses clés pour repenser nos modèles économiques, modes de production et produits à l'aune des enjeux auxquels la société et l'industrie sont désormais confrontées.

Un ouvrage co-écrit par Grégory Richa, Directeur associé chez OPEO et Emmanuelle Ledoux, Directrice générale à l'Institut national de l'économie circulaire. Pour en savoir davantage sur celui-ci, ça se passe ici

Livre Pivoter vers une industrie circulaire

OPEO : accompagner les mutations industrielles

OPEO aide les industriels et leurs écosystèmes à devenir leaders sur leurs marchés grâce à l’agilité de leurs organisations, à l’excellence de leurs opérations, à l’hybridation digitale et au pivot vers de nouveaux business models.

Par les transformations que nous accompagnons, nous promouvons une industrie compétitive, durable, humaine et résiliente.

OPEO est également co-fondateur avec #Industry4Good® de #Circular4Good®, mouvement qui promeut l’industrie circulaire non seulement comme un modèle économiquement pérenne, adapté aux problèmes opérationnels actuels, mais également comme un nouveau modèle de société, reconnecté au vivant, c’est-à-dire aux limites planétaires.

 

Logo OPEO

INEC : organisation de référence sur l'économie circulaire

L’Institut National de l’Économie Circulaire a pour mission de promouvoir l’économie circulaire et accélérer son développement grâce à une dynamique collaborative.

Organisme multi-acteurs, il est composé de plus de 200 membres, organismes publics et privés : entreprises, fédérations, collectivités, institutions, associations, ONG et universités. La diversité de ses membres permet de nourrir une vision holistique de l’économie circulaire, prenant en compte l’ensemble des enjeux économiques, sociaux, et environnementaux.

Les actions de l’Institut s’articulent principalement autour de 3 axes : l'animation de la réflexion, la promotion de l'économie circulaire et la mise en œuvre de cette économie circulaire.

Logo institut national de l'économie circulaire


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